jeudi, août 04, 2005

De bon matin, Elle a rencontré le train...

...de trois individus qui partaient au travail.

Ce post est issu d'un mail que j'avais envoyé à Germain alors qu'il me demandait de mes nouvelles. En voici le contenu.

Vendredi matin, c’est le premier juillet. Comme d’habitude, je prend le métro pour aller au boulot. Ligne 6 direction Etoile, arrêt à Montparnasse, puis ligne 13 jusqu’à Châtillon. Là il ne me reste plus que quelques minutes de marche pour rentrer dans les locaux des Editions. Ensuite, je badge pour pouvoir prendre l’ascenseur. Mais pour une fois, les choses allaient se dérouler un peu autrement.

En montant dans le wagon de tête à Montparnasse, j’espérais pouvoir voir cette si jolie fille que j’avais croisée les deux jours précédents par chance. (Les sale manies ont la vie dure chez le Titom…). A neuf heures moins dix, le métro part, et à peine avant d’arriver à la station suivante, il freine en urgence. Les lumières se coupent, puis se rallument. Il arrive à la station Gaîté mais les portes ne s’ouvrent pas. Une partie du métro est toujours sous le tunnel. Habitués à ce type d’aléa, les gens font la moue, et attendent que le convoi reparte. Nous dûmes attendre plus longtemps. Au bout de quelques instants, on voit deux personnes sur le quais d’en face qui se disputent avec le chauffeur tout en quittant la station. On put saisir la fin de la conversation.

Le chauffeur lance à l’un d’eux :

- « T’es qui toi ?
- Quoi, je suis qui moi ?
- T’es un médecin, t’es pompier ? nan ? bon alors
- Quoi, moi j’m’en fous moi des médecins. »

Le quai d’en face se vide petit à petit.

A l’intérieur de la rame, un brune dit à son copain. « Une engueulade. C’est habituel ici. » Alors les gens se regardent et se sourient, un peu amusés de la situation. On voit mal ce qui à pu amener le chauffeur à parler à des gens sur le quai opposé à ligne.

Sur le fameux quai, quelques badauds restent regarder. Une femme, agenouillée par terre, montre notre wagon du doigt. Exactement là ou je suis. « Regardez ! elle est là ! Elle est coincée sous la roue ! »

A l’intérieur du véhicule, on voit des gens faire la grimace. D’autres lèvent les yeux au ciel en soupirant. Une dame venait de se suicider, et elle était à peine un mètre juste sous nos pieds. Cisaillée par les lourds disques d’acier des roues du métro… Un drôle dit en souriant que Bruce Willis ne devrait plus tarder maintenant. On rit un peu. Le chauffeur prend le micro, et nous annonce sur un ton a peine plus stressé que d'ordinaire que suite à un accident de personne, le métro était coincé, que la ligne allait être bloquée dans les deux sens entre Montparnasse et Châtillon. Il y en aurait pour une heure avant que la trafic redevienne normal. Il allait passer rame par rame et nous faire évacuer par la cabine de pilotage.

En y repensant, la réaction des gens à cet instant fut assez géniale. Même à Paris, ce type de situation crée toujours un brin de solidarité entre les passagers. Pas un seul n’eût de pitié ou de compassion pour cette fille qui venait de mourir ou même ne serait-ce qu’une pensée à son égard. Elle était pourtant toute proche de nous, et c’était notre wagon qui avait servi à la mettre en pièces. Non. Aucune compassion ne s’affichait sur aucun visage, pas même le mien. Mais les gens se sentirent tout à coup un peu plus proches. On s’est tous regardés en souriant et en se plaignant. « Pfff… On va encore être à la bourre au bureau ». « Va falloir prendre le bus, quelle galère... ». On soupire, on grogne, on jure à demi-voix. On est tous un peu ennuyés de perdre du temps comme ça. Le drôle s’écrie « Chouette, on va pouvoir visiter le cockpit ! ». Les gens rient encore. Pensant pragmatique, j’en profite pour demander comment rejoindre Châtillon. Pendant ce temps, un pompier descend sur la voie pour aller voir comment elle était coincée cette fille… Finalement, la foule descend du métro. Chacun appelait son patron pour dire qu’il serait en retard. Et puis nous voilà relâchés dans les rues, chaque individu se précipitant vers une autre station de métro, un taxi ou un bus.

Voilà un petit fait divers qui nous aura tout de même sorti un peu de la routine. Une pauvre fille qui dit merde à la société en se jetant sous un métro. Elle avait sûrement fait ça pour exprimer son ras-le-bol en public, pour obliger le trafic à s’arrêter un moment. Si ça n’avait pas été le cas, elle n’aurait pas pris la peine de se lever si tôt. Personnellement, la perspective de me lever, de prendre mon petit dej’, de me laver, tout ça pour me suicider quelques minutes après ne m’aurait pas vraiment motivé. Je serai resté chez moi à dormir jusqu'à midi. Bref, sa fin, qu’elle aura certainement imaginée un peu théâtrale n’aura fait s’émouvoir absolument personne. Personne n’aura pensé à elle. Pas même moi, je l’admet. Mais je lui reconnaîtrait quand même la fantaisie qu’elle a eu de sauter à la station Gaîté. Après tout, l’humour est la politesse du désespoir…










Sur la ligne 14, au moins ils l'ont pas ce type de problèmes....

4 Comments:

At 04:38, Anonymous Anonyme said...

c bo cette histoire.
ya du talent, tu devrais l q proposer au monde 2 pour faire partie de la saga des romans de l'ete !

serieux, meme si le sujet est pas drole, c'est vraiment bien raconte, mais je te lai deja dit je crois

la touche dhumour a la fin...nickel

 
At 18:38, Anonymous Anonyme said...

Quel talent!!! y'aurait fallut un peu de compassion pour emouvoir le lecteur quand meme!!!!

 
At 13:47, Anonymous Anonyme said...

ca y est, titom est lance, on ne l'arrete plus! C cool de relire vos aventures! encore encore!
A+
Germain

 
At 14:44, Anonymous Anonyme said...

Se suicider??? --> Peut-etre quand j'aurai plus la flemme.

Sinon ca fait du bien de lire du titom, ca me manquait.

 

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